dimanche 12 juin 2011

Arabie saoudite - Saudi Arabia

Ma première visite en Arabie saoudite restera inoubliable. J’ai toujours eu une attirance pour les pays chauds…là j’allais être servi ! Destination…Jeddah.
8 mars 2002, arrivée à 2h15 sur le tarmac de Jeddah, il fait encore 37°C…étouffant.
Le parcours jusqu’à l’hôtel se fera de nuit et déjà, la sensation que ce pays est fait pour moi. Je remarque ces voitures aux vitres teintées pour que l’on ne sache découvrir les femmes qui y sont installées. Les véhicules ne possédant pas de vitres teintées côté passager à l’avant, les femmes se cachent le visage (ou ce qu’il reste à voir) avec un journal.
Quelle drôle d’idée me pensais-je. J’apprendrais assez vite qu’ici la femme n’a aucun droit. Pas le droit de conduire, pas le droit de travailler, pas le droit de sortir sans son mari, frère ou père dans la rue, pas le droit de se promener sans avoir la tête couverte, certaines sont même totalement recouverte par cette tunique noire, l’Abbaya. J’en ai même vu se baigner dans la mer avec leurs vêtements…
Aucun lieu de rencontre donc, ni café, ni boîte de nuit, ni cinéma. Dragueurs et autres coureurs de jupons : « passez votre chemin…y’a rien à voir !! ».
Pas de casinos, quelques cybercafés, mais alors par contre, des shoppings center à la pelle !!
Des prix très intéressants, hors taxes en général,  vêtements griffés et chaussures sont 2 fois moins chers que chez nous, également, l’or…Ah oui mais là, pour l’or, j’ouvre une petite parenthèse : c’est du 24 carats en général contre du 18 chez nous. Plus pure ? Oui, mais beaucoup plus malléable donc plus cassant. Oubliez donc les chaînes de cou, surtout pour des enfants ! L’or ici se vend au kilo mais la qualité et la finition ne sont pas terribles.
Ici, les restaurants ne sont pas mixtes, il existe des « family section ».
Tout les types de restaurant sont présents mais 2 ont retenu mon attention à Jeddah, un libanais et un brésilien. Ce dernier vous sert la viande sur des épées, vous avez droit à 12 sortes de viandes et vous disposez devant vous d’une quille en bois peinte de moitié en vert et l’autre en rouge. Vous la retournée côté rouge en haut pour signifier au serveur que vous en avez assez, sans ça, ils vous servent jusqu’à épuisement gastronomique !
J’ai également voulu tester un restaurant local. Je suis allé dans un restaurant à ciel ouvert, on vous installe sur des coussins à même le sol. Pas de tables, pas de chaises et pas de couverts. On amène un grand plastique que l’on étale devant vous et on verse riz et viande au milieu et c’est avec les mains que vous vous nourrissez ! J’ai à ce sujet eu une très mauvaise expérience en mangeant avec les mains dans un plat commun, c’était à l’occasion d’un sacrifice de moutons et je me suis réveillé le lendemain avec des pustules tout autour de la bouche…J’ai eu aussi des intoxications alimentaires (au moins une fois par an) me conduisant une fois directement à l’hôpital puisqu’il n’existe pas de médecin privé. Depuis, je mange tout les midi Mac Donald ce qui fait halluciner mes hôtes !
Une fois, des suisses se moquaient de moi en se demandant bien pourquoi je mangeais des hamburgers à tout les repas. Je les ai emmenés se balader en ville, petit tour au souk et vers le quartier des bouchers…Un s’est approché de moi et m’a dit : «T’as bien réussi ton coup ! ».Et le lendemain, ils avaient tous commandés Mac Do pour le repas du midi !! J’ai déjà vu dans une boucherie des chats courir sur la viande pendant que le boucher dormait sur son étal…
Le pays est sale, les saoudiens jettent tout et n’importe quoi par leur fenêtre d’auto, à la plage ils mettent tout par terre alors qu’il y a des poubelles un peu partout.


Malgré cette petite parenthèse sanitaire, Jeddah reste ma ville préférée en Arabie saoudite. C’est par cette ville qu’arriveront les changements du pays.
Tout les princes et même le roi y possèdent une résidence. Enfin, de résidence, on peux même qualifier ça de palais !
En effet, le roi possède même carrément une île avec une véritable ville dessus. Mosquée, palais, magasins, tunnel vitré sous la mer rouge pour s’y promener, 1500 employés !...Un hôtel se trouvant somme toute assez loin mais de l’autre côté de la rive a même été fermé sur ordre de son excellence alors qu’il était flambant neuf, car des fenêtres avec de bonnes jumelles, le roi aurait pu être épié…Actuellement, il renferme les bureaux de la police secrète saoudienne. On m’a rapporté que le palais royal de Riyadh  est immense, que du portail d’entrée à la résidence, il faut parcourir 40 Km en voiture !!




 La majorité d’entre nous imagine un pays où tous sont riches et vivent dans l’opulence. C’est faux et archi faux. Les membres proches du gouvernement et donc de la famille royale ont effectivement énormément d’argent mais la population ne profite en rien de la manne pétrolière.
Je me souviens qu’un Hollandais était venu quelques jours et dès notre arrivée à l’entreprise, il a aperçu une Mercedes S500 sur le parking et a immédiatement pensé que c’était celle du patron. Je lui ai dit que c’était celle du coursier qui faisait passer les plis d’une société à l’autre, distante de 2 km l’une de l’autre. Bien entendu il ne m’a pas crû et allez illico lui demander sa fonction dans l’usine. Notre hollandais est revenu écoeuré.. ! Il était donc persuadé que tous étaient riches. En fait, à cette époque, les jeunes de plus de 18 ans recevait une rente de l’état et restait à la maison…pas obligé de travailler donc…Mais la situation était en train d’évoluer puisque les sociétés étaient contraintes d’employer 15% de salariés saoudiens. Il fallait donc se mettre au travail…Mais comment engagés des saoudiens quand ceux-ci ont été éduqués pour ne pas travailler ? Comment engager des gens qui ne savent pas travailler, qui n’ont pas envie de travailler pour la plupart d’entre eux ? Il faut rappeler que dans ce pays 80% des jeunes diplômés l’étaient en religion…Difficile d’avoir et de trouver des professionnels…Aujourd’hui c’est 25% de l’effectif d’une société qui doit être de nationalité saoudienne. Leurs salaires sont plus importants que ceux des autres salariés. Si un patron souhaite rompre un contrat avec un saoudien, il doit au préalable en informer le ministère du travail qui lui, dans la majorité des cas, refuse et demande à l’employeur d’accorder un  salaire plus important à l’intéressé pour qu’il soit plus motivé… !!!!    
Chaque employé étranger se voit remettre une kama, une sorte de carte d’identité, de présence sur le territoire saoudien. En contrepartie, les employeurs détiennent leurs passeports. Il leur est alors aisé de vous retenir ou de vous expulser comme ils le désirent. Aucune garantie ni assurance. Pas de règles définies par le code du travail. Viré du jour au lendemain sans indemnités...





Je me suis petit à petit fondu dans la masse et appris les règles essentielles de ce pays. Pas d’alcool, trouvable au marché noir à environ 100 euros la bouteille de black label. Pas de drogue, trouvable aussi en provenance d’Afghanistan mais pour laquelle vous risquez la peine de mort, environ 60 personnes par ans sont décapitées sur la place publique. Pas de signes religieux. Pas de sorties nocturnes.
Pas de contacts avec la gente féminine. Hôtel, boulot, shopping et plongée rythme vos semaines.
Un des pays du monde où le tourisme est le plus important alors qu’il n’est pas délivré de visa touristique !!! En fait, tout les visas sont des visas de travail avec lettre d’invitation et tampon des différents ministères concernés. Les autres visas sont ceux accordés aux étrangers de religion musulmane pour leur permettre différents pèlerinages à la Mecque.
Ils sont environ 3 millions à venir sur 2 jours pour la fin du ramadan.
Jeddah est une ville toute particulière.
C’est le plus gros port marchand du pays. Se trouvant bordée par la mer rouge, on dispose d’une ambiance conviviale, un peu le mode de vie de notre côte d’azure ! De très belles plages privées, les plages publiques étant bien moins entretenues. Une eau limpide et une flore aquatique intacte. Mon havre de paix du vendredi. Equipé de palmes masque et tuba, je sillonne la côte et observe une multitude de poissons multicolores et de toutes tailles, des anémones et coraux aussi beaux les uns que les autres.



Riyadh :
Capitale d’Arabie saoudite, Riyadh est plantée au milieu du désert. Températures très élevées en été mais en même temps, très sec comme climat.
Elle est plus sobre que Jeddah. Deux tours seulement mais quelles tours !...



         
Riyadh est, et restera, plus stricte que toutes les autres villes du Royaume. La résidence principale du monarque étant dans cette ville y est sûrement pour quelque chose…A propos du roi, il m’est arrivé de le croiser, furtivement certes, mais d’une façon assez anecdotique…Une fin d’après-midi alors que mon chauffeur Georges me ramenait à l’hôtel, nous nous sommes trouvé piégé dans un embouteillage monstrueux. Les 4 voies du sens opposées étaient, elles, dépourvues de tout véhicules, étrange pour une ville où le trafic est incessant entre 7h00 et 23h00. Soudain, 2 gros hélicoptères ont fait leur apparition au loin. Ils volaient très bas et en parallèle. Ils sont arrivés sur nous et longeaient les voies opposées aux nôtres. Sont arrivé sur ces voies dégagées une dizaine de voitures de police roulant en épis, puis une horde de véhicules blindés en tout genre, gros véhicules de l’armée, grosses Mercedes, 4X4 américains, puis une Rolls-Royce avec un homme à la barbe coupée courte, puis à nouveau des véhicules blindés et pour finir, encore une dizaine de véhicule de police en épi…le roi rentre chez lui ! Résultat de l’opération : 25mn à l’arrêt pour permettre à sa sainteté de rejoindre son palais.




Il existe aussi une autre règle à laquelle on doit porter attention, spécialement quand l’on décide d’aller dîner par exemple. Celle de connaître les horaires des moments de prières qui sont au nombre de 5 par jours. Quotidiennement, les journaux font état des horaires qui changent au gré de la position du soleil. Chaque ville n’a pas le même timing. Exemple au 15 octobre 2008, la dernière prière débutait à 19h30 à Jeddah alors qu’elle était programmée à 19h00 à Riyadh. Pourquoi, me direz-vous, y porter une attention si particulière ? Et bien parce que si vous arrivez devant un restaurant pour dîner au moment ou commence la prière et bien vous vous retrouverez interdit d’entrer et serez obligé d’attendre dehors une trentaine de minutes que l’office ce termine. Il faut donc arriver, soit avant, soit après ce moment religieux. Même chose en ce qui concerne les magasins, pendant ces 5 périodes de la journée, tout ferme, impossible de faire quelque échange d’argent ou de transactions. Je me suis déjà retrouvé dans un magasin d’enseigne Carrefour pendant la prière, je suis arrivé aux caisses juste au moment où cela commençait, et bien les grilles se baissent et vous êtes contraint d’errer dans la grande surface déserte pendant 30mn… !  
Concernant les fameux muttawas, gardiens des moeurs et des vertues, on les reconnaît  à leur barbe longue, leur uniforme plus court laissant découvrir leur mollets et pas de cerceaux sur la tête. Ils sont quasiment toujours accompagnés d’un homme en uniforme. Ils sont de partout, dans la rue, les centres commerciaux, les parkings, dans la rue…Leur rôle, non officiel, est de faire respecter la loi de la charria. Ils traquent le moindre signe contraire pour eux à l’islam radical. Une histoire m’a profondément choquée un jour…Près d’Al Taïf, une superbe ville graniteuse perchée sur les montagnes et habitées, entre autre, par des babouins, une école de jeunes (et petites) filles a pris feu. Les muttawas ont eu le malheur d’arriver les premiers sur les lieus. Je dis le malheur et vous allez comprendre pourquoi…Les enfants de cette école apeurées par l’incendie ont commencées à sauter par les fenêtres du rez-de-chaussée. Etant en classe et par de fortes chaleur, leur institutrice autorisait le retrait du voile afin d’être plus à l’aise…vous me voyez venir ?...non ?...alors je continue mon histoire d’horreur….les muttawas voyant les jeunes filles sauter par les fenêtres sans leur voile, les rejetaient à l’intérieur pour qu’elles sortent de façon… « convenable ». Et oui, c’est tout de bonnement incroyable, impensable, inacceptable mais c’est la vérité…Les hommes du feu arrivant après l’intervention des muttawas, ont tout simplement reçu l’ordre de ne pas intervenir tant que ces gardiens de l’ordre moral ne soient pas certain que toutes les filles portaient le voile…résultat de l’affaire : 26 victimes.
Il ya bien entendu eu une indignation profonde de la population mais les manifestations étant purement et simplement interdites, tout grand effet de mécontentement est passé inaperçu…J’avais lu dans les journaux de l’époque que le gouvernement avait été choqué par cette affaire et comprenait une éventuelle colère du peuple. Il disait aussi que les muttawas ne devraient pas avoir autant de pouvoir de décision et qu’il veillerait à ce qu’à l’avenir ces gardiens des vices et de la vertu soient plus compréhensifs… 2008, rien n’a réellement changé.
Je rappelle que ces gens n’ont aucun statu légal, que les règles qu’ils essaient de faire appliquer n’existent nulle part mais que dans un pays qui se veut l’exemple du monde musulman…ils se doivent d’être là. Incroyable pour nous, occidentaux de voir qu’au 21ème siècle il existe encore des types comme ça…       


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